domingo, 21 de octubre de 2012

Mariage universel: L'Assemblée demande plus de temps pour l'étude du projet de loi



Comme chacun sait, la légalisation du mariage entre personnes du même sexe est l'une des préoccupations majeures du cabinet Hollande. Prévue pour la mi-2013, la promulgation de ce qui n'est encore qu'un projet de loi permettrait aussi l'adoption aux couples homosexuels, ce qui ne manquera pas de positionner cette question sur le centre de l'attention médiatique: les camps se dessinent dès maintenant autour de ce qui sera probablement l'un des grands débat du nouveau gouvernement. Aussi, l'Assemblée nationale a-t-elle demandé un délai supplémentaire d'un mois (repoussant ainsi l'examen du projet de loi de la mi-décembre à la fin janvier 2013)  afin de "disposer du temps nécessaire pour étudier ce texte sereinement ainsi que les enjeux qui y sont rattachés", selon les paroles de Jean-Jacques Urvoas, député socialiste et président de la Commission des lois. Le texte sera présenté le 31 octobre au Conseil des ministres par la garde des Sceaux, Christiane Taubira.

Si l'on pouvait s'attendre à l'implication des associations religieuses telles que la Conférence des évêques de France ou le Conseil français du Culte musulman contre ce projet, il est vrai que l'exclusion de la procréation médicale assistée (PMA) pour les couples lesbiens crée également des divergences parmi les partisans du mariage universel. En effet, bien que le Premier ministre Jean-Marc Ayrault ait exprimé son désir de limiter le projet de loi à la légalisation du mariage et de l'adoption, le Parti Socialiste affiche sa volonté de déposer un amendement sur la question de la PMA lors des débats à l'Assemblée.

Et que disent les Français à propos de la PMA? D'après un surprenant sondage de LH2 publié le mardi 16 octobre par Le Nouvel Observateur, alors que 49% des interrogés se disent pour l'adoption, 51% seraient favorables à la procréation médicale assistée pour les couples de lesbiennes. L'opinion publique remettrait donc t-elle en question les plans de l’Élysée? Cela reste à voir.




lunes, 15 de octubre de 2012

Conférence à Paris-Descartes

Mercredi dernier, la seconde conférence de l'enseignement de Droit à l'intention des Terminale L de plusieurs lycées parisiens (allant de Carnot, Jacques Decour et Janson de Sailly à Honoré de Balzac, Condorcet et j'en passe) s'est déroulée dans l'amphithéâtre Janet de la Faculté de Droit de l'université René Descartes, à Malakoff.

Le bâtiment de la Faculté de Droit de l'Université René Descartes (Paris V) à la Porte de Vanves, construit en 1927 dans le plus pur style Art Déco

Malgré le temps pluvieux et la position périphérique du lieu de rendez-vous, la compétence des conférenciers ne tarda pas à rendre l'après-midi un peu moins désagréable: Paul Cassia, professeur de droit à la Sorbonne, prit la parole en premier et aborda le thème de la Constitution. Cet acte juridique au sommet de l'ordre d'un pays est régulé depuis le 4 octobre 1958 par 5 institutions:

_Le Président de la République: Défini par l'article 5 de la Constitution comme "l'arbitre" de celle-ci, il a le pouvoir de dissoudre le Parlement et recourir au référendum.

_Le Premier Ministre: Il dirige le gouvernement. Il travaille avec le Parlement et dispose notamment du pouvoir réglementaire (ex. Code de la route).

_Le Parlement: Il réunit l'Assemblée Nationale et le Sénat. Le Parlement est subordonné au Président de la République et au Premier Ministre.

_La démocratie directe: L'on recourt parfois au référendum afin d'éviter d'éventuelles tensions (comme par exemple, dans le cas du général De Gaulle, qui institua le suffrage universel à travers cette procédure).

_Les droits et libertés: Ils sont reconnus aux citoyens par la Constitution; par exemple, la Déclaration des Droits de l'Homme et les droits fondamentaux de 1946.

Malgré son caractère imposant, la Constitution peut être souvent rectifiée (c'est le cas en 2008 sous le gouvernement Sarkozy) et est "supervisée" par des organismes tels que le Conseil Constitutionnel (installé au Palais-Royal avec le Conseil d’État), qui émet un "avis" sur les changements à faire sans prendre de décisions concrètes. Le Conseil Constitutionnel se compose de 9 membres, dont trois sont nommés par le Président de la République, trois autres par l'Assemblée Nationale et trois derniers par le Sénat.

M. Paul Cassia, membre du MODEM et professeur à l'université Panthéon-Sorbonne


Suite à l'intervention de M. Cassia et aux nombreuses questions des élèves de l’École Active Bilingue Jeanine Manuel, toutes très pertinentes, Benoît Delaunay prit le relais avec pour sujet cette fois-ci la Loi. Ce docteur en droit public de l’Université Panthéon-Assas (Paris II) instaura un cours magistral où l'échange avec les élèves n'était pas prioritaire, contrairement à la méthode de son collègue, qui se voulait plus interactive. Nonobstant, la conférence n'en fut pas moins fructueuse; elle se centra autour de 4 questions-clés pour comprendre cette entité omniprésente en société qu'est la Loi:

1. Qu'est-ce que la Loi?
2. Est-ce que la Loi est une ou plurielle?
3. La Loi recule-t-elle aujourd'hui? 
4. Comment la Loi devient Loi?

A la première question, l'on nous apporta plusieurs réponses. La définition "organique" de la Loi: acte voté par le Parlement (selon l'article 34 de la Constitution française). Une conception matérielle vint compléter cette notion: il s'agit d'un texte normatif de portée générale. En effet, comme chacun sait, "nul n'est censé ignorer la Loi".
Ensuite, M. Delaunay distingua 3 catégories de loi différentes:

1. Les lois dites "ordinaires": Elles peuvent porter sur tous les thèmes, sont votées souvent et ne sont soumises à aucun contrôle.

2. Les lois constitutionnelles: Elles modifient la Constitution, ce qui leur attribue donc une "valeur constitutionnelle".

3. Les lois dites "organiques": Elles se situent au-dessus des lois "ordinaires" mais en sont soumises aux lois constitutionnelles.

On évoqua après la problématique d'un possible "déclin" de la loi, dû à la prépondérance de la Constitution et au recul du "légicentrisme", entre autres raisons plus variées, parmi lesquelles on peut trouver l'influence, à l'échelle européenne ou internationale, de directives transposées à la loi française, entraînant une certaine dévalorisation de la loi.

Enfin, l'on tâcha de rendre claire la question de la procédure législative. Selon l'article 39 de la Constitution, l'initiative de la loi revient au Premier Ministre, par qui le projet de loi sera présenté au Conseil des Ministres. Puis, une fois qu'elle est examinée et discutée par le Parlement, ainsi que par le Conseil Constitutionnel, elle est votée et promulguée. Il est essentiel d'évaluer la "constitutionnalité" de la loi en question, ainsi que son principe de non-rétroactivité (ce qui signifie que la loi doit exister avant de sanctionner le délit qui l'enfreint).


M. Benoît Delaunay, professeur agrégé de droit public à l'université de Poitiers et docteur en droit public de l’Université Panthéon-Assas


En somme, les deux conférences nous apportèrent des informations intéressantes quant au fonctionnement du système judiciaire en France, bien que le colloque ait manqué de l'implication des élèves, la structure de l'amphithéâtre Janet étant peu propice à l'audition générale, contrairement à la fois précédente au lycée Louis-le-Grand. L'on constatait que l'attention des lycéens était moindre qu'à la dernière conférence; mais l'on devait s'y attendre du fait du contexte "universitaire" de l'évènement. Les trois heures qu'ont duré les deux conférences n'ont cependant pas dépouillé celles-ci de leur caractère enrichissant, et l'on attendra le prochain colloque avec impatience.